
J’ai fait des études d’histoire de l’art et d’arts plastiques. Je deviens conférencière nationale des monuments historiques en 2004 et prend plaisir pendant quelques années à faire découvrir le patrimoine des villes de Picardie, je mène de nombreux projets dans des écoles, des associations, monte des projets variés. Parallèlement à cet engagement, je travaille dès 2009 chez Cultura, où j’occupe le poste d’animatrice à l’atelier créatif. Je reçois tout type de public, sur tout type de technique de loisir créatif ou beaux arts. Je mène des collaborations avec la ville de Saint Quentin pour animer les temps forts festifs tout au long de l’année, je travaille avec des EHPAD, le CSAPA, le SESSAD… J’aime ce travail et le contact humain. Mais très vite, je rencontre un obstacle de taille. Dans cette petite ville à l’offre culturelle limitée, de nombreuses clientes viennent à l’atelier sur la recommandation de leur médecin ou de leur psychologue. Ce sont en général des dames d’un certain âge. Elles viennent de divorcer ou de perdre leur mari, leurs enfants sont grands et partis parfois loin, elles vivent mal leur retraite… Elles viennent chercher auprès de moi une aide pour combattre une dépression qui s’installe.
J’ai suivi quelques cours de psychologie quand j’étais à la fac, mais ne suis pas armée pour accueillir ce qu’elles semblent fermement vouloir me déposer. Elles viennent régulièrement, nous lions des liens qui , s’ils ne sont pas à proprement parler amicaux, dépassent malgré tout le simple lien cliente- animatrice.
Je rentre donc certains soirs alourdie d’un poids qui n’est pas le mien et que je peine à gérer.
J’entame donc des recherches pour trouver la solution à mon problème. Et de fil en aiguille je découvre l’art thérapie. Je vais laisser plusieurs années à ce projet pour mûrir. Je ne me sens pas à la hauteur de ce projet, pas légitime, et surtout je n’ai aucun soutien de mon compagnon de l’époque. Je me concentre sur ma vie de famille et gère tant bien que mal ce que je reçois de mes clientes en atelier.
J’aime mon travail, mais j’en perçois les limites, je ne me vois pas continuer encore des années, j’ai envie de changement.